Les « mesures renforcées » dans 19 départements ont-elles eu un impact sur l’épidémie ?

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Pboulanger Prés.
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Les « mesures renforcées » dans 19 départements ont-elles eu un impact sur l’épidémie ?

Message par Pboulanger Prés. »

Bonjour à tous,

Lu sur https://www.nouvelobs.com/couvre-feu/20 ... demie.html
Les « mesures renforcées » dans 19 départements ont-elles eu un impact sur l’épidémie ?
  

Oui, selon Emmanuel Macron, pour qui « les chiffres sont clairs ». Nous les avons vérifiés. Et si les premières tendances montrent un ralentissement de la hausse des contaminations au Covid-19, il faudra encore plusieurs semaines avant d’en mesurer pleinement les effets, surtout à l’hôpital. Nos infographies pour tout comprendre. 

Par Renaud Février
publié le 03 avril 2021 à 09h00
  
Le premier confinement ? Efficace ! Le second confinement ? Egalement ! Le couvre-feu ? Oui, du moins jusqu’à l’arrivée des variants du coronavirus… Mais qu’en est-il des « mesures renforcées » annoncées par Jean Castex jeudi 18 mars dans 16 départements (puis étendues à 19) ? Cette « troisième voie », ce « confinement dehors », est-il efficace ?
 
Oui, selon Emmanuel Macron, pour qui « les chiffres sont clairs ». « Cette stratégie a eu des premiers effets », a-t-il affirmé lors de son intervention mercredi 31 mars. Oui aussi, selon le ministre de la Santé Olivier Véran, qui, sur France-Inter jeudi, avançait même un chiffre : « Sur l’ensemble des départements qui ont été mis sous “mesures renforcées” il y a dix jours, nous avons enregistré sur la journée de samedi dernier [27 mars, NDLR] une hausse de 1 % environ du nombre de contaminations quand, dans les autres départements, nous avons enregistré une hausse de 20 % environ. »
 
Difficile de vérifier ce chiffre, car le ministre ne précise pas avec quelle autre date il compare le nombre de contaminations du samedi, ni même s’il s’agit du chiffre brut de la journée où d’un chiffre lissé sur sept jours, comme il est d’usage de faire pour réduire les soubresauts des courbes liés aux week-ends (moins de tests, moins de sorties de l’hôpital, moins de déclarations de décès…) ou aux problèmes techniques de Santé publique France, qui centralise les données de l’épidémie.

Mais tentons, néanmoins, de vérifier l’affirmation de l’exécutif, sur le fond. A savoir : les « mesures renforcées » ont bel et bien eu un effet dans les 16 départements concernés depuis le 19 mars, en ralentissant l’épidémie (directement ou indirectement, en renforçant la prudence des habitants de ces départements notamment).

Deux semaines après l’instauration de ces mesures, il est trop tôt pour voir le moindre effet sur les hospitalisations, les admissions en réanimation ou les décès. On le sait depuis le début de l’épidémie, il faut au minimum trois semaines après de nouvelles dispositions pour en voir les premiers effets. Il a ainsi fallu attendre le 15 avril 2020 pour voir la courbe des hospitalisations s’inverser lors du premier confinement, mis en place le 17 mars.
 
Seul indice directement observable : le nombre de contaminations, grâce au « taux d’incidence ». Santé publique France et Géodes communiquent les données de ce taux de deux manières différentes : un taux d’incidence quotidien correspondant au nombre de cas déclarés chaque jour dans un département ou une région, rapporté sur 100 000 habitants, et un taux d’incidence hebdomadaire qui correspond au nombre de cas déclarés sur une semaine, du lundi au dimanche. Ce deuxième taux permet de lisser les soubresauts des déclarations au cours de la semaine (il y a en effet, par exemple, bien moins de tests réalisés le dimanche que le lundi…).

Taux d’incidence élevés dans les départements déjà confinés

Que nous permet d’apprendre ce taux ? Prenons les derniers chiffres, ceux de la semaine du 22 au 28 mars. D’un simple coup d’œil, il est facile de repérer où la situation est la plus inquiétante : en Ile-de-France, où deux départements (Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise) ont même dépassé la barre symbolique des 750 malades sur 100 000 habitants en sept jours. Mais également dans les Hauts-de-France et dans le Sud-Est. Globalement, et sans surprise, il s’agit des 16 (puis 19) départements concernés par les « mesures renforcées ». Clairement, le taux d’incidence n’a donc pas (encore) chuté dans ces départements. Exception notable : les Alpes-Maritimes, qui, après avoir atteint un taux d’incidence de 604,8 malades sur 100 000 habitants, la semaine 15 au 21 février, affichent désormais un taux d’incidence de 475,4 cas (après être tombées à 413,1 cas la semaine du 15 au 21 mars).
 


Pas de baisse hebdomadaire, mais un ralentissement de la hausse ?

Afin d’observer la dynamique dans les départements français, « l’Obs » a comparé le taux d’incidence de chaque département, entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars. La carte ci-dessous présente ainsi le pourcentage d’augmentation (ou de baisse) du taux d’incidence entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars. Plus le taux d’incidence a augmenté, plus le département est coloré en rouge, plus il a baissé, plus le département est coloré en bleu.

 


Grâce à l’infographie, il est possible de voir que l’épidémie est, sur l’ensemble du territoire, en expansion ! Seuls quatre départements affichent en effet un taux d’incidence en baisse : la Charente-Maritime (baisse de 2,09 %), la Vienne (-1,52 %), l’Ardèche (-9,69 %) et la Haute-Corse (-0,84 %). A l’inverse, certaines hausses sont impressionnantes ! 86,04 % de hausse dans le Gers, 81,71 % en Haute-Loire, 72,93 % dans les Pyrénées-Orientales. Des chiffres à relativiser toutefois, car aucun de ces trois départements ne dépasse le taux d’incidence national.
 
Qu’en est-il dans les départements sous « mesures renforcées » ? Le taux d’incidence y est toujours en hausse, mais les 16 (ou 19) départements ne sont pas, de loin, les départements où la hausse est la plus importante. Elle n’est ainsi que de 1,03 % à Paris, contre 18,16 % la semaine précédente ! Idem en Seine-Saint-Denis, où la hausse n’est plus que de 9,31 % entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars, contre 22,56 % la semaine précédente. Autrement dit, le taux d’incidence augmente toujours, mais moins rapidement. Ce qui est un premier signe de « ralentissement ».
 
Problème, à l’inverse, dans l’Aisne, pourtant également placée sous « mesures renforcées », la hausse du taux d’incidence s’accélère. Alors qu’il avait augmenté de 11,06 % seulement entre la semaine du 8 mars et celle du 15 mars, il a bondi de 24,09 % entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars.

Pas de règle générale, mais des tendances à confirmer

Dans la troisième carte que vous propose « l’Obs », l’objectif est justement de comparer les deux pourcentages d’évolution des taux d’incidence (celui entre les semaines du 8 et du 15 mars et celui entre les semaines du 15 et du 22 mars) pour mettre en lumière une accélération ou une décélération de la hausse des contaminations, voire, dans certains cas, une baisse. Reprenons l’exemple de Paris pour y voir plus clair.
 
Nous avons vu que la hausse du taux d’incidence n’y est plus que de 1,03 % entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars, contre 18,16 % la semaine précédente. Autrement dit, la hausse y est plus faible de 17,13 points de pourcentage ! L’épidémie s’étend toujours, mais de manière moins rapide ! A l’inverse, si l’on reprend l’exemple de l’Aisne, on y voit que la hausse entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars y est plus forte de 13,03 points que celle de la semaine précédente. Plus le département est coloré en rouge sur la carte, plus la hausse de la courbe y est exponentielle ; plus le département y est coloré en bleu, plus le ralentissement est fort (et se traduit même, pour les quatre départements que nous avons cités plus haut, par une baisse du taux d’incidence). Petite incongruité de notre calcul : la Haute-Corse, où le taux d’incidence est en baisse est pourtant orange ici. Pourquoi ? Car la baisse du taux d’incidence y est (beaucoup) moins forte entre la semaine du 15 mars et celle du 22 mars (-0,84 %), qu’entre la semaine du 8 mars et celle du 15 mars (-29,61 %).

 

 

Quel ralentissement ou accélération ?

Regardons donc les 16 premiers départements concernés par les « mesures renforcées ». L’épidémie y est-elle en train de ralentir, ou d’accélérer ? Pour les départements de l’Ile-de-France, la hausse ralentit, sauf dans le Val-de-Marne, où elle accélère encore. Dans les Hauts-de-France, la hausse accélère partout (et surtout dans l’Aisne), sauf dans le Pas-de-Calais, qui a connu deux week-ends de confinement, avant d’être placé sous « mesures renforcées », avec ses voisins. L’épidémie ralentit également en Seine-Maritime et dans l’Eure, mais elle rebondit à l’inverse fortement dans les Alpes-Maritimes, après plusieurs semaines de baisse.
 
Difficile donc, d’en conclure une règle générale, avant d’avoir les chiffres de la semaine du 29 mars. Semaine où, justement, les signes du ralentissement devraient commencer à réellement se faire sentir.

Les prémices d’une baisse à confirmer ? 

Seule solution :
construire un nouveau taux d’incidence hebdomadaire, différent de celui de Santé publique France et Géodes, en additionnant les taux d’incidence quotidiens, pour prendre en compte les tout derniers chiffres. Par exemple, avec un taux d’incidence hebdomadaire calculé du vendredi au jeudi, au lieu du lundi au dimanche, nous pourrions y incorporer les données jusqu’à ce jeudi 1er avril.

Problème : Santé publique France connaît des difficultés de remontée d’informations ces derniers jours et le dernier taux d’incidence quotidien connu est celui du… lundi 29 mars. Soit à peine un jour de plus que le taux d’incidence hebdomadaire communiqué par l’agence.
 
Autre possibilité,
à laquelle se livrent depuis des mois certains analystes pointus : construire un taux d’incidence hebdomadaire glissant, au quotidien. Autrement dit : du lundi au dimanche, puis du mardi au lundi, puis du mercredi au mardi, etc.
 
Que montrent ces données, visibles notamment sur cette plateforme ? Que l’épidémie y ralentit partout, sur les tout derniers jours, y compris dans les départements (comme le Nord, l’Oise, etc.) où cela ne se voit pas encore sur les cartes que nous avons construites à partir du taux d’incidence hebdomadaire de Santé publique France.
 
Dans environ deux tiers des 16 départements, cela se traduit même par une baisse du taux d’incidence, sur les tout derniers jours disponibles (27, 28, 29 mars) : c’est le cas pour les Alpes-Maritime, après une nouvelle hausse, l’Eure, le Nord, le Pas-de-Calais, Paris, les Yvelines, la Somme, l’Essone, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. La baisse est plus marquée à Paris, dont le taux d’incidence passe de 610,44 cas pour 100 000 habitants le 27 mars à 593,22 cas le 29 mars et dans la Somme, qui passe d’un taux de 498,27 cas pour 100 000 habitants le 28 mars à 476,33 cas le 29 mars. A l’inverse, la hausse continue, de manière moins soutenue, dans l’Aisne, l’Oise, la Seine-Maritime, la Seine-et-Marne, les Hauts-de-Seine et le Val-d’Oise.
 
Co-créateur du compte Twitter d’analyse des données concernant le Covid, MétéoCovid, Guillaume Saint-Quentin a cumulé les données des différents départements « confinés dehors » depuis le 19 mars, pour dégager une tendance générale, comparée aux autres départements. Conclusion : la dynamique est bel et bien meilleure, ces tout derniers jours, dans les départements concernés. Leur taux d’incidence global, bien plus élevé, y baisse, quand il augmente fortement dans les autres départements (deuxième courbe).

 




Le pourcentage de différence entre l’incidence et l’incidence à J-7 s’y rétracte en outre, quand il augmente dans les autres départements (première courbe).
 
Une tendance qu’il faudra confirmer dans les prochains jours afin de conclure définitivement sur l’efficacité de ces mesures, déjà renforcées depuis, avec notamment la fermeture des écoles et le recours systématique au télétravail… et élargies à l’ensemble du territoire métropolitain.


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